Ô mon mètre je dois te laisser
Tu m’as vu me dresser sur mes pieds
Chancelants, puis trouver l’équilibre
Maintenant que je marche en grands cercles
Je ressens un besoin de grand air
Je suis las de mes lentes arabesques
Que je trace autour de chez toi

Regarde-moi ! Vois comme mes ailes sont larges
Quand je peux les étendre. Je vais les tremper
Dans le bleu. Et enfin je pourrais estamper
Le tableau de ma liberté, dans mon sillage

Il n’y a rien de plus beau qu’une placide montagne
Qui se laisse gravir et soumet son sommet
Aux assauts dérisoires d’une puce excitée
L’alpiniste fougueux croit pouvoir la dompter
Ses poumons sont à vif, et pourtant il exulte
Plus ça va plus il sent la montée en pression
Puis soudain: oui, ça y est ! Le climax ! Il culmine !
Haletant et groggy il s’affaisse dans la neige

La semaine dernière pendant l’apéro
Je contais à mes potes à peu près en ces termes
La rencontre étonnante que je fis le matin:

« J’étais sur la place, c’est jour de marché
Comme d’accoutumée, d’abord je passe
Au boucher, et ensuite aux légumes et là
Je tourne le coin et devant moi, que vois-je ?
Une zébresse !
Vous allez me dire, ça tourne pas rond dans ma tête
Mais elle servait les clients, je vous jure !
Alors, je m’avance. Mais là je remarque:
Justement, que les autres remarquent nullement
Pendant qu’elle me sert, je l’observe un peu
D’emblée, elle est belle: un port cavalier
Sous une crinière d’un noir éclatant
Lancée avec grâce sur son encolure
Flattée par les tons de sa robe bichrome
Je peux la décrire des oreilles à la croupe
Le moindre détail est un ravissement
Veuillez accepter mes excuses, j’arrête
Tout net. Car voilà donc l’objet du propos:
Jamais, je dis bien que jamais, j’ai perçu
Pareille tristesse au creux d’un regard
Pas contre moi, bout de cristal. Ni dégun
Du monde restait qu’un regard omniscient
Traçant dans le vide, un nombre infini
De rayons noirs et blancs »

Pourquoi l’amour est rose:
La violence du rouge
Adoucie dans le blanc

Le parapluie protège de la pluie
Mais la capuche le fait aussi

Le parapluie occupe une main
De ceux qui peuvent les avoir libres

En dessous de sa rotonde, il y a souvent
Un flâneur qui y arpente ses degrés

Qu’un coup de vent le lui arrache
Notre promeneur sera trempé

Mais s’il l’agrippe d’une forte poigne
Il rentrera tulipe au bras

Je me suis assoupi dans le lit d’une rivière
J’ai laissé le courant me porter doucement
Les lauriers en passant me drapaient de leurs feuilles

Je me suis endormi à trop faire la planche
C’était si agréable car les flots s’échauffaient
Tout le long, tout le long de ma lente dérive

Je me suis réveillé au milieu de la mer
Impossible de voir d’un côté quel qu’il soit
Et j’oublie peu à peu les contours du phare
Car mon rêve vaseux se dilue dans les eaux

Je couche sur papier les ïambes
Les fait sortir pied par pied
Puis vers par vers avec méthode
Parfaitement placées de sorte
Que les saccades symétriques
Pourraient sortir d’une imprimante

Outre-Manche, outre-Rhin
Après les Alpes, les Pyrénées
Les poètes clos derrière les barres
De leur asile rythmique
Se sont, d’apotemnophilie,
Mutilés. Pitié ! Gâchis !
Car moi, dont la langue plate
Incapable, malhabile
Qui ne pouvait reproduire
La subtilité de leurs baisers
Je les avais beaucoup enviés

Si tu me coupes la parole
C’est pour pas qu’j’use ma salive

Si tu me grilles la prio
C’est parce que, derrière toi
Sur la banquette, ta femme accouche

Si tu ignores mes bonjours
C’est que tu es dur de la feuille

Si c’est ton pote que tu promeus
C’est parce qu’il est qualifié

Copium.

Si mes corn flakes disparaissent
C’est pour m’aider, dans mon régime

Si tu envoies tes vieux mégots
D’un geste expert dans mon jardin
C’est de l’engrais pour les dahlias

Quelle bizarre petite montagne de terre
Dressée dans mon calme gazon, lissement dénudée

Les taupes de fer s’en furent, jamais ne revinrent
Alors tu te trouves sans sœur, tu souffres d’ennui

Considère ceci: au sein d’un massif tes reliefs
Seraient monotones. Ici, tu dessines la plaine

À chaque fois c’est la même chose
T’outrage ton entourage
Ensuite plaide être gauche

Sincère, tu l’es sans un doute
Enfin, qu’importe dans le fond
Qui cancane ? Un canard
Qui coasse ? Un crapaud

Je t’invite à midi, tu te pointes à treize heures
Déjeunons samedi, sur le coup de onze heures

Nouvelle tentative
Mes doigts crispés composent
La peur me prend au ventre
La musique d’ascenseur
Je ne l’entends pas
Je vis l’enfer infini
Ça décroche

Support Décathlon bonjour, que puis-je faire pour vous ?

Je présente alors ma demande
Et dans la voix de mon interlocuteur se lit clair la surprise
En dépit de l’interloquement que provoque la si ridicule requête
Le jeune homme patient, poliment me questionne afin de comprendre la source de ma confusion
Et avec bienveillance m’apprend qu’ici à Décathlon on ne vend pas de mangues

Le dentiste est payant
Soixante-dix pourcents sont remboursés
Si je n’ai rien les trente sont gâchés
Je n’ai rien, que mes dents
De jolis jetons blancs

Lors de la fête du roi, s’empanache l’entière rue
Chaque maison de l’endroit, de orange vêtue
Chaque ? Non, pas celle d’Eefke
Elle, la plus patriote de son voisinage, honore sa terre
Par l’économie de l’étendard